The Macallan, l’excellence du Speyside (par Charles)

J’ai récemment eu l’occasion de m’offrir une bouteille de The Macallan (vous en trouverez la review en fin d’article, je ne vous gâche pas la surprise) à un prix raisonnable lors d’une vente aux enchères. Rêve de néophyte de posséder une bouteille de cette distillerie iconique, j’ai décidé de vous proposer un petit tour d’horizon de la perle du Speyside. Envie d’en savoir plus sur The Macallan? C’est par ici. 

The Macallan, une renommée qui donne lieu à toutes les spéculations

Parler de The Macallan, c’est parler d’une distillerie mondialement connue et reconnue comme la meilleure distillerie au monde, quoi que l’on pense de ce genre de superlatif. Ce qui est vrai, c’est qu’elle est la distillerie de toutes les ventes aux enchères, de toutes les spéculations. C’est pourquoi elle est difficilement abordable (en-dehors de ses gammes les moins onéreuses) et ses bouteilles sont assez peu ouvertes. C’est le whisky préféré de James Bond, ce qui contribue à son rayonnement notamment dans la culture populaire. En effet le monsieur n’a pas l’habitude de taper dans le bas de gamme, on le voit par exemple boire un The Macallan 1962 50 YO dans Skyfall. The Macallan c’est également la plus renommée des distilleries de la plus célèbre (et certains vous diront de la meilleure) des 6 régions productrices de scotch whisky, le Speyside. 

En termes de spéculation, 3 fun facts sur The Macallan:

  1.  La bouteille la plus chère vendue au monde (vendue fin 2019 chez Sotheby’s, la grande salle d’enchères londonienne) est une bouteille de The Macallan « Fine And Rare » 60 ans 1926 vendue 1,45 millions de livres sterling (environ 1 715 000 euros de l’époque).
  2. Avant cette vente, la bouteille la plus chère du monde était vendue l’année précédente au prix record de 1,2 millions de livres sterling (environ 1 331 000 euros de l’époque). C’était…….. une bouteille de The Macallan 1926 émanant du même fût.
  3. La spéculation attire également son lot de pigeons (je sais, ce n’est pas très gentil de ma part). Eté 2017 à l’hôtel Waldhaus de Saint-Moritz (Suisse), détenteur de la plus grande collection de whiskies du monde, un amateur chinois milliardaire a payé 9 999 francs suisses (un peu plus de 8 550 euros de l’époque) pour ouvrir et boire 2cl de la dernière bouteille de The Macallan 1878 au monde. Plot twist : la bouteille était falsifiée et le whisky qu’elle contenait datait des années 1970.

Mais alors, c’est quoi The Macallan? Et qu’est-ce qui en fait la distillerie la plus précieuse du monde? C’est ce que nous allons voir. 

The Macallan d’hier à aujourd’hui 

Un peu d’histoire: The Macallan est une distillerie créée en 1824 (la même année que Cardhu ou encore Glenlivet pour ne citer que des distilleries de la même région, année faste pour le Speyside) par Alexander Reid, un homme à la fois cultivateur et instituteur. Le domaine de 157 hectares est établi le long de la rivière Spey, au coeur de Glenlivet, dans la ville de Craigellachie. C’est une des premières distilleries à devenir légale (à l’époque sous le nom d’Elchies Distillery car se situant sur le domaine de la ferme-manoir Elchies House, bâtie en 1700) suite à l’Excise Act de 1823 qui permet à Alexander Reid d’acheter la licence. C’est en 1845 qu’il décide d’embouteiller une partie de sa production, suite à la suppression d’une taxe sur le verre. Son fils récupère la direction de la distillerie à sa mort en 1847, mais décède seulement un an plus tard. Rodney Kemp rachète la distillerie en 1892 à un certain James Stuart qui en avait fait l’acquisition en 1886, la renomme Rodney Kemp Macallan-Glenlivet et rénove la distillerie. Elle restera dans la famille jusqu’en 1996. La Seconde Guerre Mondiale n’interrompra pas la production (avec la tourbe comme seul combustible disponible), mais l’expansion débutera réellement dans les années 60/70 (entre 1965 et 1975 on passe de 6 à 21 alambics, c’est assez symptomatique), avec comme point d’orgue l’année 1968 et son entrée en bourse. Michael Jackson (l’écrivain anglais, pas le chanteur hein) définit à cette époque The Macallan comme « la Rolls Royce des whiskies ». Elle appartient de nos jours au groupe Erdington (qui possède entre autres The Famous Grouse ou encore Highland Park). 

Une quête de l’excellence en 6 actes 

The Macallan possède ce que l’on pourrait appeler un code d’honneur, une feuille de route quelle nomme ses « piliers » et qui sont les garants de l’excellence de leurs produits. Ces piliers sont au nombre de 6. 

Pilier 1, l’attachement au domaine, un pilier « spirituel »:

le nom Macallan vient du nom d’origine de la région, MAGHELLAN. Ce nom vient du gaulois « magh » qui signifie sol fertile, et de Saint Fillan qui est un moine très lié à l’église qui se trouvait dans le parc de The Macallan Estate jusqu’en 1400. Le domaine remonte à 1543, et c’est au coeur de ses 157 hectares que se situe Easter Elchies House. L’ancienne distillerie a été mise en sommeil en 2014 et le matériel de distillation progressivement transféré dans des locaux flambants neufs à 400 mètres de là, plus adaptés. On ne saurait sortir du Macallan Estate pour produire du Macallan. 

Pilier 2, les alambics:

Une cuve inox pour le brassage, 16 cuves inox pour la fermentation, 7 alambics de 13 000 litres pour la première distillation (wash still) et 14 alambics d’une capacité de 4 000 litres avec chauffe directe au gaz pour la 2ème distillation (Spirit still). Les alambics nommés « Curiously Small Spirit Stills » sont de taille et de forme uniques, travaillés pour établir un contact parfait pour le travail entre l’alcool et le cuivre. Tout comme on a estimé en Champagne que le magnum était la bouteille permettant le meilleur ratio pour le vieillissement du produit (une question de ratio air/vin dans la bouteille), The Macallan a intégré cette donnée dans la conception de ses alambics.

Pilier 3, La coupe la plus fine d’Ecosse:

The Macallan procède à une sélection drastique d’à peine 16% du New Make Spirit. Pour rappel, le distillat obtenu après seconde distillation est divisé en 3 parties: la tête (chargée en méthanol et donc toxique, elle sera réintroduite dans le Spirit still), le coeur (que l’on met en fût) et la queue de chauffe (trop faible en alcool, elle aussi sera réintroduite dans le Spirit Still). La coupe est la plus fine pour ne conserver que la part la plus pure et qualitative de la chauffe.

Pilier 4, des fûts exceptionnels:

On a coutume de dire que la qualité du fût fait jusqu’à 80% de la saveur et la qualité du whisky. La sélection du fût est au coeur de l’identité de The Macallan. La distillerie a nommé un « Master of Wood » qui travaille avec des tonneliers espagnols pour créer des barriques répondant à ses exigences en termes de qualité de bois (originaire du Nord de l’Espagne), de séchage et de chauffe. Les fûts européens sont fabriqués spécialement pour la distillerie à Jérez de la Frontera (près de Cadix en Andalousie) puis assaisonnés au sherry oloroso (un Xérès sec, à la robe ambrée voire acajou, issu de la fermentation du moût de cépage palomino) pendant 2 saisons. Au total ce sont 5 années de travail en amont du remplissage du whisky, supervisées par la distillerie à chaque étape: approvisionnement, séchage naturel, fabrication, assaisonnement, entretien. Les fûts américains sont eux originaires du Kentucky et utilisés pendant 8 ans pour la maturation du Bourbon avant d’être vidés puis expédiés en Ecosse.

Pilier 5, une coloration naturelle:

la coloration est totalement naturelle, allant de l’or clair à l’acajou, sans aucune adjonction de caramel. C’est la maîtrise des employés de The Macallan à toutes les étapes de la fabrication qui permet de conserver une grande homogénéité naturelle dans la coloration.

Pilier 6, l’excellence:

le travail des différents piliers permet à The Macallan d’être considéré unanimement comme le whisky le plus précieux du monde. 

Ma dégustation: The Macallan « Fine Oak » Triple Cask 12 YO

Mon choix de vous présenter cette bouteille s’impose pour deux raisons : déjà parce qu’il s’agit de la bouteille de The Macallan que je possède (c’est mieux en effet), et ensuite car je la trouve injustement méprisée par les puristes (et j’aime bien prendre les puristes à rebrousse-poil). En effet la gamme « Fine Oak » apparue il y a une vingtaine d’années proposait un nouveau travail autour du fût: l’ajout de chêne américain assaisonné au sherry pour la série « Double Cask », et de fûts ayant auparavant contenu du bourbon pour la série « Triple Cask ». Cette gamme « Fine Oak » a été décriée par les puristes qui ont estimé que ces ajouts allaient à l’encontre de l’ADN du Macallan, dont les 6 piliers rappellent entre autres l’importance du fût européen assaisonné au sherry. La mention « Fine Oak » a finalement été retirée en 2018.

Il s’agit ici d’un single malt, titrant à 40°, vieilli 12 ans en fûts européens et américains assaisonnés au sherry ainsi qu’en fûts américains ayant précédemment contenu du bourbon. La robe est couleur or mâtinée de bronze, avec à la lumière quelques reflets acajou.

Le nez est rond et complexe, d’abord marqué par les fruits du verger (pomme, poire notamment). En se réchauffant, des notes de fruits rouges et d’agrumes données par le sherry apparaissent, ainsi que quelques épices (vanille, muscade) et des notes florales, ces dernières apportées par le bourbon à mon sens.

La bouche est douce, marquée comme le nez par des notes de pommes, d’agrumes légers et d’épices douces. A la chaleur des mains apparaissent des notes plus boisées, vanillées et une texture beurrée marquée par les épices et les fruits secs. Un léger miel floral (acacia?) se fait sentir également.

La finale est modérément longue mais tapissante voire beurrée, marquée par les fruits secs, le chêne toasté et les épices.

Teeling, le renouveau du whisky irlandais

J’ai eu l’opportunité d’assister en décembre 2021 à une Masterclass de la marque au Phoenix (les deux dans le fond qui ont dit « Grimbergen », sortez) Teeling animée par Juliette Perreau, leur Brand Ambassador France. Grand amateur de cette distillerie dublinoise depuis mon arrivée récente dans le whisky game (ou plutôt whiskey, en Irlande fais comme les Irlandais), je ne pouvais pas manquer ça. Du coup cela m’a donné envie de vous parler de cette distillerie que j’apprécie beaucoup. Direction l’île d’Emeraude ! Article écrit par Charles @el_profecito

Au Sommaire

  • Teeling, une histoire familiale au service de l’Irish Whiskey
  • Le savoir-faire Teeling
  • Teeling Small Batch 46° : le couteau-suisse irlandais !
  • Mon incontournable: Teeling Stout Cask

Teeling, une histoire familiale au service de l’Irish Whiskey

Une famille qui baigne dans le whiskey

Chez Teeling le whiskey c’est une affaire de famille, et ce depuis 1782 lorsque Walter Teeling ouvre sa petite distillerie sur Marrowbone Lane, à Dublin, rejoint en 1791 par son fils John. Puis le père de Jack et Stephen Teeling (un autre John Teeling) fonde la distillerie Cooley en 1987 (elle sera rachetée par Jim Beam en 2011). Enfin, Jack et Stephen fondent en 2012 la Teeling Whiskey Company puis ouvrent leur propre distillerie en 2015, après avoir collaboré avec leur père. Notons enfin que les trois alambics de la distillerie portent le non des trois filles de Jack: Alison, Natalie et Rebecca. La future génération de la distillerie? 

Le renouveau de l’Irish Whiskey 

Plus qu’une simple saga familiale, c’est aussi un renouveau du whiskey irlandais que propose la marque, comme le souligne le Phoenix gravé sur les bouteilles. Tout d’abord parce que c’est un spiritueux qui a perdu de sa superbe jusque récemment. Je ne trancherai pas la controverse de qui a inventé le whisky entre Ecossais et Irlandais, mais il faut reconnaître que les derniers siècles n’ont pas été tendres avec cette boisson emblématique de l’île Emeraude. Le XIXème siècle a été un siècle d’associations prohibitionnistes et de guerre des prix remportée par les blends écossais et le gin britanniques plus bon marché. C’est aussi le siècle de guerre des taxes poussant de plus en plus de distilleries vers la clandestinité puis vers la fermeture. C’est enfin le siècle des famines successives envoyant la population irlandaise vers le Nouveau Monde. Autant de raisons du déclin de l’Irish Whiskey et d’un besoin de renouveau proposé par plusieurs distilleries dont Teeling. 

Dubliners for ever 

Teeling c’est enfin un retour aux sources dublinoises car la distillerie installée dans les Liberties, au beau milieu du Triangle d’Or de la distillation, est la première à ouvrir ses portes dans la capitale depuis 125 ans. Probablement une manière de conjurer le sort après le Great Whiskey Fire du 18 juin 1875 qui a vu le quartier inondé par plusieurs millions de litres de whiskey en fusion suite à l’incendie d’une malterie et de l’entrepôt voisin, causant la mort de 13 personnes par intoxication alcoolique. Le cadre est posé, passons maintenant à ce qui fait l’ADN de cette distillerie. 

Le savoir-faire Teeling

C’est quoi le Whiskey chez Teeling? 

Il ne s’agira pas ici de lister chaque collection de la gamme Teeling, mais de présenter l’identité de la marque et ce qui m’attire dans cette distillerie. Quelques éléments généraux d’abord: la distillerie est équipée de trois alambics à repasse (pot still) tout droit venus d’Italie et capables de produire 500 000 litres d’alcool par an. Ils présentent tous des caractéristiques communes : une réduction à 46 % et une non-filtration à froid. De plus à la différence de la plupart des distilleries irlandaises qui pratiquent la triple distillation, cette distillerie pratique la double distillation, tout comme Cooley. Elle est également la seule à produire du whiskey dans le style Pot Still Whiskey à Dublin. Fun fact : vous avez la possibilité de remplir votre propre bouteille de Single Malt sur place et à même le fût. Par définition, il s’agit donc d’un single malt, single cask, cask strength. C’est plutôt cool non? Enfin, Teeling propose du new make spirit, le produit direct de la distillation sans vieillissement (ce n’est donc pas, légalement, du whiskey), appelé Poitìn. Un produit typiquement irlandais, et qui ressemble le plus à ce que l’on appelait whisky au début de la distillation. C’est aussi une distillerie qui propose un trop rare whiskey tourbé, le Blackpitts. 

Parlons finish !

On ne peut pas plus séparer Wolverine de ses griffes en adamantium que Teeling de ses finish. Né en/dans le Champagne et néophyte du whiskey, j’étais assez sceptique sur cette pratique. Chez nous on évite globalement de mettre des trucs dans notre coupe, et on évite aussi de mettre le vin dans un contenant qui a contenu autre chose auparavant. Déjà que l’on n’accepte que trois cépages (le Chardonnay, le Pinot Meunier et le Pinot noir) dans un Champagne… C’est cette distillerie qui m’a fait changer d’avis sur cette pratique, et notamment leur Stout Cask, que je vous présente un peu plus loin dans cet article, et leur gamme Sommelier. Pour rappel, on parle de finish lorsque le spiritueux après maturation (3 ans pour l’appellation whiskey) passe un certain temps dans un contenant ayant contenu précédemment un autre produit: bière, vin, spiritueux en tout genre… permettant ainsi une transmission d’arômes. Or on peut dire que chez Teeling il y a un côté presque ludique à tester leurs différents finish qui sont dans certaines gammes mises au centre de la bouteille: la Stout Cask dont je vous parle plus bas ou l’Amber Ale comme nouveauté, côté vin avec la collection Sommelier le Château Margaux ou l’Amarone (vin du nord-est de l’Italie)… De quoi nourrir vos rêves les plus fous et garantir des soirées dégustation riches en découvertes (j’attends avec impatience un finish Champagne même si la maturation en fûts est de plus en plus rare en Champagne, je pose cette idée ici). 

Un certain engagement vers une production plus verte 

Dernier point, l’éco-responsabilité de cette distillerie est un élément qui me tient à coeur. La distillerie a mis un point d’honneur à rendre son whiskey le plus vert possible. Tout d’abord avec un système de récupération et de réutilisation de l’eau de pluie pour réduire son impact sur cette ressource. La distillerie récupère également la chaleur excessive produite lors de la distillation pour chauffer leurs locaux. Enfin, l’orge utilisé pour la distillation est certifié vert, et les résidus de grain et de distillation (pot ale) réutilisés dans l’alimentation animale et notamment porcine. Il est maintenant temps de vous proposer la présentation et mes notes de dégustation de deux de leurs whiskies: le Small Batch fleuron de leur gamme, et le Stout Cask qui est un de mes must have. 

Teeling Small Batch 46° : le couteau-suisse irlandais

On démarre par un joli blend d’orge et de grain, vieilli en fûts de Bourbon et affiné en fûts de rhum nicaraguayen. Il nous a été présenté lors de la Masterclass comme le whiskey « passe-partout » de la marque, dans le sens où il fait le travail en toute circonstance (apéritif, digestif, cocktails, entre connaisseurs ou amateurs…). Ce n’est pas mon préféré de la gamme, mais outre sa polyvalence j’adhère également à son profil aromatique marqué par le rhum dans lequel il a été affiné. Et puis à moins de 40€ dans le commerce je le trouve d’un excellent rapport qualité/prix pour quelqu’un qui n’a pas les moyens ou l’envie d’investir une forte somme dans une bouteille.

NEZ: Vanille, épices douces. Très doux sans être sucré non plus, on sent les influences du rhum dans un côté mélasse ou sucre cuit. J’ai cru y discerner également un vague relent de coco.

BOUCHE: Assez doux et onctueux. Le rhum est cette fois-ci très présent et marqué par la vanille. La deuxième gorgée tire plus sur le fruité (raisins secs notamment), associé à des notes de chocolat.

FINALE: Assez courte et sèche, alternant entre la chaleur des épices et la douceur des notes boisées. 

Mon incontournable: Teeling Stout Cask 

Je ne pouvais pas parler de Teeling sans évoquer une de mes bouteilles préférées, leur Stout Cask. C’est cette bouteille (et la gamme Sommelier que j’ai découverte par la suite) qui m’a convaincu de la plus value apportée par les finish, et les infinies possibilités que cette pratique pouvait apporter. Fruit d’un mariage 100% irlandais (le whiskey et la stout), ce whisky est le résultat d’une collaboration de la distillerie avec la brasserie Galway Bay. Ce Small Batch a bénéficié d’un vieillissement de plus de 6 mois en fûts de « 200 Fathoms Imperial Stout ». Elle atterrit directement dans mon top 10 des finishs (voire même dans mon top 10 whisky à ce jour).

NEZ: Bois, céréales, miel, caramel. Evolue sur des notes très sucrées, mais également sur des notes céréalières comme des fruits cuits au sucre ou une tarte aux fruits. En arrière-plan on distingue également des notes chocolatées amères et du caramel.

BOUCHE: Un fort mélange de caramel et de chocolat. Une belle sucrosité en bouche, marquée par d’intenses notes d’épices douces, de la vanille. Un côté également céréalier avec des notes d’orge légèrement fumé et des arômes maltés.

FINALE: Longue, sucrée, onctueuse. Des notes de vanille et d’épices, j’ai vraiment l’impression d’avoir dans la bouche une bonne cuiller de crème brûlée, sans le croquant de la croûte de sucre. Il y a quelque chose de café ou de chocolaté, une légère amertume persistante. J’espère vous avoir donné envie d’en savoir plus et de découvrir les différents produits de cette distillerie. 

Des produits à retrouver chez votre caviste où sur Dugas Club Expert et dans le réseau Comptoir Irlandais.

Fettercairn, la distillerie de l’ombre

Au nord-est de l’Écosse, dans la région des Highlands, non loin de la grande ville d’Aberdeen, se situe le village de Ramsay. Un village oublié mais dont le nom fait référence à un illustre personnage du whisky, Sir Ramsay. Un homme d’affaire à l’origine de la distillerie du jour, Fettercairn. Si ce nom ne vous dit rien, il s’agit pourtant de la deuxième plus ancienne distillerie d’Écosse à produire du whisky (légalement). Focus sur un whisky pas comme les autres !

Crédit Comptoir Irlandais

De l’ombre à la lumière

Dans le début des années 1820, Sir Ramsay, véritable touche-à-tout, décide de s’intéresser au monde du whisky. Ce philanthrope, qui n’y connait rien en distillation, fait le choix de s’associer à des distillateurs illégaux. Ces hommes produisent en effet dans l’ombre et dans l’illégalité la plus totale du whisky depuis l’interdiction en 1756.

La raison de cette interdiction ? Une récolte très mauvaise cette année là et qui risque d’engendrer une famine dans les Highlands. On décide de privilégier manger plutôt que boire et les céréales sont consignées à cet usage. Les années passent et les contours de cette loi s’estompent. Si la délation de distillateur est récompensée (certains dirigent même les autorités vers leurs propres installations pour s’en acheter de nouvelles avec la prime) elle devient vite marginale puis abandonnée. À la même époque dans les Lowlands (une autre région d’Écosse), la production de whisky connait un essor fulgurant et permet à de nombreuses familles de s’en sortir. Fort de ce constat, les Highlands changent de cap, encourageant même la production dès 1784 avec le Wash Act qui allège les taxations mais interdit toujours l’export du whisky produit en-dehors de la région. S’en suit quelques années de distillation sous le manteau pour arriver enfin, en 1824, date de l’obtention de la licence de production passant Fettercairn dans la légalité.

Sir Ramsay a désormais le droit de produire du whisky. En plus du morceau de papier qui l’atteste et de ses distillateurs à nouveau respectables, la localisation des alambics de la distillerie est idéale. L’eau de la rivière qui arrive directement des Monts Cairngorms est d’une qualité exceptionnelle et aura une incidence remarquable sur l’avenir de la distillerie.

Fettercairn, la distillerie H2.O

L’eau chez Fettercairn c’est un peu comme la moustache de Mario, un élément indissociable qui différencie un personnage culte d’un simple plombier. Utilisée par la distillerie Fettercairn comme ingrédient dans la production du whisky, elle l’est également pour refroidir le cuivre (via des anneaux de refroidissement) en vue d’augmenter la condensation dans l’alambic et ainsi récupérer les plus fines vapeurs lors de la distillation. Ce processus, unique en Écosse, permet de réduire, de fait, les particules plus « grosses » (par opposition) et d’offrir à la marque des jus très différents. L’eau-de-vie ainsi produite (ou new make) est l’une des plus fines et des plus fruitées d’Écosse. On parle souvent de fruit-bomb pour les désigner.

La salle des alambics (ou still room) affiche, de par ce procédé, un beau 40° toute l’année et un taux d’humidité proche de 100%. On compare souvent ce lieu lors de la visite à un hammam.

La pépite des Highlands

Mais alors pourquoi ne connaissons-nous pas ou peu cette distillerie. Avec sa production de 2.2 millions de litres d’alcool par an, ses 120 tonnes d’orge par semaine, et ses alambics de 12.000 litres on pourrait penser en trouver d’avantage. La réponse réside dans le fait que seul 4% de leur production sort avec l’étiquette Fettercairn (seulement du Single Malt). Les 96% restants étants revendus à d’autres distilleries du groupe (même propriétaire que les maisons Dalmore et Jura) pour la confection de blends (notamment le Whyte and Mackay).

Ces 4% sont cependant bien utilisés et avec pas moins de 32.000 fûts répartis sur 14 entrepôts, les occasions de boire du Fettercairn Single Malt sont quand mêmes nombreuses. La marque s’est fait une solide réputation dans le vieillissement du whisky. Avec comme « entrée de gamme » un 12 ans d’âge (que je vous dévoile juste après) puis vite un 16, 22, 28, 40 et même 50 ans d’âge (en allant sur place vous pourrez même déguster du 53 ou 54 ans d’âge).

Pour découvrir la distillerie, Fettercairn 12yo

Le nez de ce whisky est vraiment surprenant. S’il débute sur des notes de vernis et de cire il évolue rapidement vers la tarte tatin. Un côté ultra-fruité associé à un caramel, du boisé puis un côté frangipane. Ce jus me rappelle beaucoup le Brabazon III de chez Teeling pour celles et ceux qui auront pu le gouter. La surprenante technique de distillation (RDV sur le blog) apporte une finesse incroyable à ce single malt.

Côté texture, c’est une sensation soyeuse presque comme de l’eau minérale sur la langue. C’est surprenant et à la fois très agréable. La dégustation est tantôt vive sur les fruits et le gingembre frais (à l’instar d’un rhum agricole) puis plus sèche et astringente. Le boisé refait son apparition puis les épices comme le curry et le paprika. La finale est courte, un peu terreuse et âpre, peut-être le bémol de ce 12 ans d’âge.

Une superbe dégustation pour ce qui est l’expression la plus jeune de Fettercairn. Le vieillissement en American White Oak (ex-bourbon) rend la fin de dégustation un peu trop sèche à mon goût mais cela doit rapidement s’atténuer sur des jus plus vieux. Rappelons que la gamme s’étend jusqu’au 50 ans (et plus sur place) et une histoire incroyable (toujours sur le blog).

Distribué par LMDW.

Glen Scotia 15yo, le whisky ça prend du temps

Connue comme étant la troisième distillerie de la région de Campbeltown, Glen Scotia, est ce que l’on peut appeler une rescapée. Son passé, pour le moins mouvementé, n’a pas épargné la distillerie de la péninsule de Kintyre. Ouverte en 1832 (date que vous retrouverez sur toutes les bouteilles) puis fermée à de nombreuses reprises, elle nous propose aujourd’hui un tout nouveau visage avec une gamme fraichement relookée.

Glen Scotia, l’art du temps qui passe

Pour se faire une place entre Glengyle et Springbank (appartenant toutes deux à la famille Mitchell), Glen Scotia a dû trouver un positionnement fort. C’est dans l’âge de sa gamme que la distillerie à décidé de miser. En effet, hormis leur Double Cask, leur Victoriana et quelques éditions spéciales, vous ne trouverez rien de plus jeune que ce 15 ans d’âge, un viellissement plutôt avancé dans le monde du whisky. Proposant jusqu’à des 45 ans d’âge, la distillerie prend à contre-pied un marché qui tend à proposer de plus en plus de N.A.S. (non-age statement ou embouteillages sans-âge) pour leurs « entrées de gammes ».

Si on ne connait pas les quantités de production de la distillerie on peut facilement en déduire qu’ils ont pas mal de fûts en réserve et que les propriétaires successifs ont géré ce parc avec attention.

Glen Scotia 15yo 46°

Il aura donc fallu 15 ans d’attente pour déguster cette expression. Quinze longues années passées dans des fûts de chêne américain, stockés dans des chais à ciel ouvert, en contact direct avec les embruns de Campbeltown. Ce côté marin et salin on le ressent bien dès l’ouverture de la bouteille. C’est frais et vivifiant. Son âge « avancé » aurait pu laisser envisager des notes boisées et épicées profondes mais c’est bel et bien l’iode qui vient, en premier, titiller les sens. Une fois dans le verre, aération faite, on se retrouve avec un scotch bien plus complexe. Des notes de tabac, de cuir et de bois font leur apparition. Les whiskies de Campbeltown font souvent penser à l’odeur de la pluie (qui se dit « pétrichor » en passant) et c’est un peu le sentiment que l’on ressent de prime abord. Une légère fumée froide fait son apparition en arrière-plan et ce côté boisé du début se transforme doucement en notes plus suaves de fruits cuits, de marmelade… J’ai l’impression de déguster un Port Cask, c’est très agréable.

Si je me suis attardé sur le nez de ce whisky c’est parce qu’il s’agit du point fort de ce whisky. La suite de la dégustation est, selon moi, moins complexe que le nez. Un corps très soyeux introduit des notes terreuses, sèches et âpres. C’est surprenant et j’ai du reprendre une gorgée (quel dur travail) presque immédiatement tant elle est passée vite. À y revenir, on y décèle toujours ce côté tabac-fumée froide accompagné cette fois de fruits secs et de figues.

L’alcool est assez présent malgré un taux à seulement 46° ce qui donne une finale sèche, courte et un peu astringente. Peu de choses supplémentaires à dire sur ce jus qui, vous l’aurez compris, à un nez incroyable. En tout cas, cela donne envie de découvrir le reste de la gamme et d’explorer cette région si importante dans le monde du whisky.

Distribué par Whiskies du monde.

Glen Scotia, la distillerie qui revient de loin

Raconter l’histoire des single malts de Glen Scotia, c’est un peu comme lire une pièce de théâtre en plusieurs actes. D’abord fondée en 1832, la distillerie n’a depuis eu de cesse de fermer puis réouvrir pour de multiples raisons. Focus sur l’un des trois derniers producteurs de whisky de la péninsule de Kintyre.

Campbeltown, le Pompéi d’Écosse

Plantons le décor, au début du XX ème siècle, pas moins de 34 distilleries avaient pignon sur rue dans l’ancien Bourg royal. Cette forte concentration et la facilité d’accès à des ingrédients de qualité nécessaires à la distillation ont vite élevé la ville au rang de capitale incontestée du whisky écossais, loin devant les autres régions du pays. S’en suit un fâcheux concours de circonstances. La prohibition puis la Grande Dépression ont brusquement bouleversé le marché mondial du whisky. Plus de demandes et donc plus de ventes. Ajoutez à cela une stratégie de production orientée sur les volumes et non la qualité et voici toute une industrie qui flanche.

En 1929, seulement trois distilleries tiennent encore debout, c’est le cas de : Scotia, Springbank et Ri-Clachan. Cet équilibre précaire prend fin pour Scotia le 20 mars 1930, date à laquelle le dernier alambic cessa alors de fonctionner. Seulement 4 ans après leur fermeture, la distillerie se trouve rachetée par les frères Bloch qui la rebaptise : Glen Scotia.

La règle de trois

Cette même année 1934 marquera une nouvelle fermeture, celle de Ri-Clachan. Glen Scotia sera alors l’une des deux dernières distilleries de Campbeltown. Le problème quand il n’y a plus que deux distilleries dans une région en Écosse, c’est que l’on perd le statut de « whisky-producing region » et que l’on ne peut plus, de fait, exporter ses produits.

S’en suit une période de fermeture et de ré-ouverture plutôt longue pour la désormais nommée Glen Scotia qui rouvrira finalement ses portes en 1989 avec un nouveau rachat (par les Gibson). Pendant ce temps, Springbank tient la barre et se retrouve à de nombreuses reprises la seule distillerie de Campbeltown (quand elle même ne se retrouve pas fermée).

En 2000, Glengyle rallume ses alambics portant enfin le compte à trois distilleries (le nombre minimum) rendant ainsi le statut de région productrice à Campbeltown. Notons qu’entre 1989 et 2014, Glen Scotia menacera de couler à de nombreuses reprises menaçant à nouveau l’équilibre de la région. Il faudra l’aide, et une sorte de « mise sous tutelle », de Springbank (encore eux) pour aider la distillerie à survivre.

Des jus de caractère

Située entre l’ile d’Arran et Islay, la péninsule du Kintyre, où est situé Campbeltown, est entourée par la mer. Les distillats qui y sont produits séjournent dans des chais à ciel ouvert, en contact direct avec les éléments. Pas étonnant donc de retrouver ce caractère iodé, même subtil, dans les bouteilles de la ville.

Mais là ou la région se distingue des autres parties de l’Écosse que sont les Lowlands, Highlands, Speyside, Islay (on pourrait rajouter aussi les « Islands ») est de par la présence de tourbières de compositions très distinctes de celles d’Islay. Moins médicinales que dans un Laphroaig et moins goudronnées que dans un Ardbeg, les notes tourbées des Springbank et autres Kilkerran sont plus suaves, chaudes et abordables. J’y retrouve personnellement un côté tabac, cuir voir viande à barbecue très identifiable.

Certains emploient même le qualificatif de « pétrichor » (ou l’odeur de la pluie) pour désigner les whiskies de cette région. Une sensation fraiche et musquée. Vous me direz si ça vous parle 🙂

Glen Scotia de nos jours

Depuis 2014, la « multi-rescapée » Glen Scotia évolue sous le giron d’un nouveau propriétaire (également en possession de la distillerie Loch Lomond) qui tend à redorer le blason du whisky de Campbeltown à grands coups d’investissements. Tout y passe, de la rénovation des alambics à l’optimisation des procédés de distillation, Glen Scotia fait peau neuve et propose désormais une gamme éponyme qui ne cesse de s’étoffer. Les différentes expressions se complètent par des vieillissements en fûts d’exception (bourbon, sherry, récemment ex-Bordeaux) et des comptes d’âge vertigineux (jusqu’à 45yo).

Où les trouver ?

Toute la gamme est distribuée par Whiskies du monde

Glenglassaugh, la distillerie entre Terre et Mer

Per Mare Per Terra est la devise de la distillerie dont nous allons vous parler aujourd’hui. Ce mantra n’est pas anodin car derrière cette consonance latine se cache l’âme même de ces écossais qui reviennent en force après plus de 20 années de sommeil.

Située dans la baie de Sandend (à la frontière du Speyside et des Highlands mais aussi en bord de mer), la distillerie écossaise s’introduit avec 3 caractéristiques distinctives : le Speyside apportant une douceur tropicale, les Highlands ajoutant profondeur et richesse, et la mer donnant au whisky un caractère marin et frais. 

Fondée par le Colonel James Moir, Glenglassaugh (en Gaélique « vallée du lieu gris-vert ») produit dès sa création un whisky atypique, à cheval à ce que l’on retrouve dans l’une ou l’autre de ses régions d’adoption. Frappée, comme de nombreuses autres distilleries, par la crise des années 1980, Glenglassaugh est contraint de fermer ses portes en 1986 pour ne revenir qu’en 2008 avec une édition emblématique et désormais signature : la Revival (renaissance), un Single Malt ayant bénéficié d’un finish en fût de Bourbon, Olorosso puis affinage en vin rouge..

L’eau provient de sources souterraines, l’orge est cultivée dans les Highlands de l’est avant d’être maltée selon des spécifications précises par Portgordon à 15 km de la distillerie. Toutes les opérations sont contrôlées manuellement, sans l’aide d’un ordinateur.

Coastal Cask Collection

Dr. Rachel Barrie, Master Blender de la distillerie à eu l’idée de puiser dans la collection de fûts de la marque pour sortir une gamme singulière d’exception nommée Coastal Cask Collection. L’idée ? Célébrer les 10 ans de la réouverture en proposant de découvrir les premiers 10 ans d’âge. Issus de 10 fûts différents ces Single Casks seront également numérotés à la main. Nous avons eu la chance de déguster deux d’entre eux.

Glenglassaugh Coastal Cask N°957 2009 10 ans Oloroso 57.9% (par @Thebeergame)

Distillé le 9 septembre 2009 et vieilli pendant 10 ans en fût de Xérès Oloroso, le cask #957 donnera en tout et pour tout 685 bouteilles, une chance pour moi d’avoir pu la déguster et vous en faire part.

Belle couleur dorée, texture huileuse.

Au premier nez, c’est une vive impression de vin cuit et de barrique qui se dégage. Un côté mielleux, rond et suave certainement dû au choix de l’Olorosso, un Xérés qui se caractérise par des notes gourmandes de noisettes grillées. Au fur et à mesure de son aération, les notes se précisent et je distingue un côté « boite à cigares » très agréable ainsi que des notes de fruits confits (de la marmelade d’orange), un peu de fumée et toujours ce boisé humide, marin.

En bouche, c’est doux, les 57.9% passent très facilement et la réduction à l’eau n’est vraiment pas nécessaire. Si son caractère bien « trempé » était ultra détectable au nez, la dégustation quant à elle est plus basée sur la douceur. Des agrumes, des notes fleuries et du miel qui viennent tapisser généreusement le palais et flatter les papilles.  

La finale est longue, sur le bois, le feu de plage, un peu de fumée au loin. 

En conclusion, la signature Per Mare Per Terra prend tout son sens dans cette expression. On a bien ces deux profils aromatiques et le tout est équilibré. C’est à la fois original et bougrement addictif, le « haut » taux, qui fleure les 60% tout de même, ne change en rien ce constat.

Glenglassaugh Coastal Cask N°2824 2010 10 ans Pedro Ximénez 57.8% (par @WhiskyLimouzi)

Celui-ci a été distillé l’année suivante, en 2010, et vieilli dans un autre type de fût de sherry : du Pedro Ximénez ! Seulement 370 bouteilles en sont sortie, pour mon plus grand bonheur étant donné que c’est l’un de mes vieillissement/finish préféré.

La couleur est dingue. Brun, presque noir, avec des reflets cuivrés, rouges, ambrés et dorés. Une merveille. Le genre de jus qu’on peut se contenter de regarder par peur de finir son verre.

Le nez présente de belles notes boisées et épicées (poivre et cannelle) qui s’entremêlent avec suavité aux notes du fût de PX. Des fruits mûrs / compotés / caramélisés … dans le style fond de marmite qui a accroché pendant la cuisson de la confiture. Arrivent ensuite d’autres arômes fruités plus légers et acidulés : pomme, poire, fruits tropicaux ; ainsi qu’une note sucrée qui enrobe tout ça de douceur. En fond les fruits à coque (noix / noisettes), l’orange, le chocolat, les pruneaux, les raisins secs … Tout ce qu’on attend d’une sherry bomb PX. L’alcool est tout juste perceptible, c’est un travail formidable !

L’attaque en bouche est douce, le whisky tapisse le palais puis subitement c’est l’onde de choc. Du caramel, du sel, des fruits tropicaux à gogo, dans le style cuisinés / compotés. Arrivent ensuite une petite note amère de cacao / pelure d’oranges et les épices du bois : des notes un peu piquantes, poivrées / pimentées. La texture en bouche est parfaite, tapissante, sirupeuse mais pas écoeurante. Les fruits à coque pointent le bout de leur nez accompagnés de quelques notes végétales juste avant la finale.

La finale, parlons-en. Hyper longue, chaude, elle passe par plusieurs phases. D’abord les épices (poivre et cannelle comme au nez) et les fruits. Ensuite les arômes de noix caressent le palais avant de laisser place à des notes plus minérales, iodées, végétales.

Un whisky qui atterrit directement dans mon top 10 des vieillissements PX. J’en suis totalement amoureux.

Des produits à retrouver chez votre caviste où sur https://www.dugasclubexpert.fr/  et dans le réseau https://www.comptoir-irlandais.com/fr/

 

Article réalisé à 4 mains : @thebeergame et @whiskylimouzy

Bladnoch, le renouveau des Lowlands

Les Lowlands, souvent mal aimées des passionnés de whisky, parce que trop au sud, loin des terres de prédilection de cet alcool d’orge maltée : Highlands, Speyside, Islay … Eh bien qu’à cela ne tienne, aujourd’hui on parle de la plus méridionale de toutes les distilleries des Lowlands, et de ce fait, de la distillerie la plus au sud de tout le territoire écossais : Bladnoch !

Fondée il y a plus de 200 ans, elle est passée de mains en mains, a été fermée puis réouverte de nombreuses fois avant de finir dans les mains de David Prior, un entrepreneur australien, qui a placé le Dr Nick Savage, un ancien de chez Macallan, à la tête de la production.

Après 5 années de sommeil, la distillerie a eu droit à une cure de jouvence : 1 nouveau mash tun, 6 nouveaux washbacks en bois de pin et 4 alambics. De quoi porter la production à 1,5 millions de litres d’alcool par an … et remplir un paquet de tonneaux !

La grosse majorité des fûts utilisés sont des fûts de 1er remplissage (95% environ), pour obtenir des arômes plus marqués. Environ 40% d’ex-fûts de bourbon, 40% d’ex-fûts de sherry (Oloroso, PX, …), quelques fûts de vin rouge, et le reste … mystère !

On a eu la chance de goûter 2 de leurs expressions, pour se faire une idée de la qualité

Bladnoch Samsara, single malt NAS, 46,7%, vieilli en fûts de bourbon et de vin rouge, non filtré à froid et non coloré

Une jolie couleur dorée, avec des reflets ambrés. Ça colle un peu au verre, ce qui laisse présager une texture assez grasse en bouche.

Au nez on est sur les bonbons au caramel, une bonne dose de vanille, des notes boisées et végétales. En fond, on devine quelques arômes de fruits rouge (fraise ?). Globalement, on est sur les arômes provenant du fût de bourbon, avec une légère note tannique qui rappelle le vin rouge.

La bouche est onctueuse. Douce au début, elle s’exprime petit à petit pour révéler des arômes de vanille et de caramel. Pas de fruits rouges ici pour moi, même si ça reste tout de même très fruité (plutôt fruits blancs).

La finale est longue, épicée, sur le poivre, le malt frais, les fruits noirs (myrtille !) et quelques notes végétales un peu tanniques.

J’aime en général beaucoup les whisky vieillis en fût de vin rouge, celui-ci ne déroge pas à la règle, il est bien foutu, sans être exceptionnel ou extravagant. Un bon basique pour un bar.

Bladnoch 10 ans, single malt, 46,7%, vieilli en fûts de bourbon, non filtré à froid et non coloré

Belle couleur dorée, et à nouveau une texture qui semble bien grasse.

Au premier nez, c’est d’abord une bombe de vanille. En y retournant ça devient plus floral, légèrement boisé et épicé, puis presque végétal. Des notes d’agrumes en fond, qui ressortent de plus en plus par rapport au reste.

En bouche c’est doux, onctueux, mielleux, fruité. Avec, au second plan, des arômes boisés, épicés et toujours quelques notes végétales. On est vraiment dans le style des Lowlands !

La finale est longue, sur le bois, les plantes racines et le poivre.

Petite préférence pour celui-ci, qui représente vraiment ce que l’on attend d’un whisky des Lowlands. Certes très classique, mais aussi très bien exécuté. On valide !

Des produits à retrouver chez votre caviste où sur https://www.dugasclubexpert.fr/

 

Cuisiner au Whisky

Cuisiner avec le whisky… ou comment sublimer tes recettes culinaires avec une petite touche maltée et relevée  !

En effet, cela fait quelques temps que je m’essaye a cuisiner avec ce spiritueux et, souhaite donc partager avec vous ici quelques idées….Sauces, marinades, desserts, agneau, boeuf, saumon et même mousse au chocolat ou glaces… Avec L’expérimentation et l’audace comme leitmotiv, sachez que presque tout est possible alors je ne peux que vous conseiller de tester et, de trouver ce qui vous plaît. Le dosage est très subjectif aussi, j’aime sentir intensément le whisky ou les épices dans mon assiette du coup j’ai toujours peur qu’il n’y en aie pas assez. Ainsi je n’en définirai pas de quantité exacte dans cet article car, je pars du postulat simple que c’est très subjectif et qu’il n’y en a peut être jamais trop(hehe)… 

Sauce BBQ au whisky tourbé (le parfait compagnon de l’été).

Mélanger ketchup, oignons, gros sel, sauce soja, sauce worcethshire, vinaigre balsamique, moutarde a l’ancienne, ail et oignons émincés…. ajouter du whisky très tourbé (p.exple ardbeg uigeadail/lagavulin 12cs/ octomore / big peat /laphroaig 10), … Voici une sauce intense parfaite pour badigeonner votre viande et saucisses avant cuisson au barbecue et/ou après…

Filets de Saumon mariné au whisky jus de citron et graines de sésames.

Disposer les filets de saumon dans un plat allant au four.. verser le jus d’un citron, saler et saupoudrer de graines de sésames et de muscade chaque côté. Arroser généreusement de whisky au choix. Laisser mariné au frigo de 1 à 2heures en re-mouillant de temps en temps le poisson avec le jus du plat a l’aide d’une cuillère a soupe… entourer les filets de saumon de fenouil emincé cuit (ou tout autre légume au choix) , ajouter du lait de coco, du sel, du gingembre moulu, un filet d’huile dolive et un peu de whisky…enfourner entre 10 et 15 minutes afin de garder la tendresse du poisson. A servir avec du riz. Un régal !

Saumon en papillotes sauce Bigpeat

Couper un oignon, du citron, des tomates en dés, emballer soigneusement chaque filet de saumon de papier d’aluminium, ouvrir délicatement et ajouter le tout au saumon, agrémenter d’un filet d’huile d’olive et arroser de whisky tourbé, refermer le papier d’alu. Cuire quelques minutes les papilottes au barbecue ! Miam miam, bon appétit !

Épaule d’Agneau mariné 24 heures au whisky fumé

Piquer la viande avec de l’ail, du gros sel, de l’oignons émincé  et du romarin, mettre les tranches de viande sur un papier cellophane suffisament grand pour pouvoir une fois la marinade prete entourer la viande et ainsi maintenir la marinade en contact direct, arroser d huile d’olive, couper finement le thym et la feuille de laurier puis saupoudrer chaque côté de la viande, poivrer, puis arroser généreusement de whisky tourbé (je mets personnellement du caol ila 12ans et du big peat brut de fût mais nimporte quel whisky tourbé fera l’affaire), tourner la viande et arroser encore une fois de whisky…recouvrir la viande avec le cellophane et s’assurer que c’est bien hermétique. Déposer le tout dans un plat creux. Sentir et se rendre compte que ça ne sent pas assez le whisky et la tourbe, ouvrir et rajouter encore une petite goutte de caol ila 12 ans…. Maintenir 24 heures au frigo !
Faire revenir les tranches d’agneau 3- 4 minutes de chaque coté à la poêle, réserver le jus résiduel dans le plat et l’ajouter afin de déglacer en fin de cuisson…servir et déguster !!

Boulettes de boeuf hachées sauce whisky

Faire cuire les boulettes de viande hachée avec des oignons et de l’huile d’olive dans une poêle. Ajouter du vinaigre balsamique, de la sauce soja et du poivre. Ajouter le whisky ou le bourbon en fin de cuisson…Cuire encore quelques minutes a feu moyen, saler. Miam miam !

Confit d’oignons au whisky

Faire revenir les oignons dans de l’huile d’olive à la poêle sur feu moyen. Ajouter du whisky, du vinaigre balsamique, du sel et une cuillère à café de sucre brun..Cuire à feu moyen en remuant et attendre que les oignons se caramélisent.
…Parfait sur du foie gras, des boulettes de viandes hachées ou avec des saucisses…

Crevettes flambées au whisky

Faire revenir les oignons, l’ail et les crevettes décortiquées avec de l’huile d’olive et du jus de citron à la poêle. Saupoudrer de gingembre en poudre. Arroser ensuite généreusement de whisky (je le fait avec du tourbé), mélanger puis laisser cuire une minute… Attention éteindre la hotte de cuisson…Craquer une allumette et faire flamber le tout en remuant énergiquement. Ajouter un petit peu de crème liquide, saler/poivrer.

Mousse au chocolat parfumée au whisky

Suivre votre recette habituelle et ajouter simplement du whisky lorsque vous faites fondre le chocolat .
Une tuerie !!!!

Sorbet citron arrosé au whisky

Servir les boules de sorbet dans une coupe et verser du whisky tourbé dessus. A consommer rapidement. Très frais et vivifiant !!!

Vive la créativité en toute liberté… D’autres idées de recettes a partager ?
N’hésitez pas à écrire des commentaires ci dessous ! 
Nicowhiskies – Nicolas Läderach –

Quatre whiskies à moins de 40 euros pour commencer une collection

1 – Glenfiddich 12 ans

Un grand classique que l’on ne présente plus ! Fondé en 1887, Glenfiddich est aujourd’hui le single malt le plus vendu au monde. Commercialisé dans plus de 180 pays, il représente près de 20 % des ventes de single malt (on vous explique la différence entre single malt et blend plus bas !). Beaucoup d’amateurs de whisky ont commencé avec « le Glen ». C’est un whisky frais et fruité, qui évoque des notes de pommes-poires au nez et en bouche et avec une finale boisée, dominée par des notes de chêne.

Prix : autour de 25-30 euros en GMS dispo ici

Glenfiddish 12 - Whisky à moins de 40 euros

Alternative : Glenmorangie 10 ans (un peu moins frais, plus vanillé et mielleux) dispo ici

Glenmorangie - Whisky à moins de 40 euros

 

2 – Dalwhinnie 15 ans

L’âge d’un whisky est-il synonyme de qualité ? C’était le cas pendant très longtemps, ou en tout cas c’était dans les moeurs, mais ce n’est pas catégorique. Il existe aujourd’hui de très bons blends (assemblages de whiskies de malt et de grain) et single malts sans indication d’âge (ou NAS = ‘non-age statement’ en anglais), comme notamment le Nikka From The Barrel (voir ci-dessous). Le Dalwhinnie 15 est un représentant de la vielle école : vieilli exclusivement en ex-fûts de bourbon, ce single malt emblématique des Highlands est un incontournable produit depuis 1897, marqué par des notes de miel et des accents boisés. Vous ne trouverez pas de whisky à un meilleur rapport âge-prix !

Prix : autour de 35 euros en GMS dispo ici

Dalwhinnie 15 ans - Whisky pour 40 euros
Alternative : Aberfeldy 12 ans (plus jeune, plus frais, plus vif) dispo ici

Aberfledy 12 ans - Whisky pour moins de 40 euros

3 – Caol Ila 12 ans

Chaque collection de whisky a besoin d’un malt tourbé ! C’est une règle d’or. Mais en fait, la tourbe, kesako ? Par définition, c’est un mélange de terre humide et de végétaux, qui donne des arômes à l’orge lorsqu’elle est brûlée. Certaines régions d’Ecosse, dont la fameuse île Islay, sont très riches en tourbe. La tourbe est donc brûlée, au moment du séchage de l’orge (avant la distillation), afin de libérer ces arômes terreux et humides que vous aurez le plaisir de retrouver dans votre verre… Ce Caol Ila 12 délivre ainsi des notes tourbées, fumées, mais aussi salées-iodées et une subtile note d’agrumes. Ce n’est pas le malt le plus tourbé que vous trouverez dans votre rayon whisky, ni le plus fort en alcool, et c’est exactement pour cela que c’est un très bon choix pour un premier whisky tourbé ! Un excellent équilibre, au niveau gustatif comme au niveau budget.

Prix : autour de 35 euros en GMS dispo ici

Caol Ila 12 ans - Whisky pour 40 euros
Alternative : Laphroaig 10 (plus intense sur la tourbe) dispo ici

Laphroaig 10 - Whisky à moins de 40 euros

4 – Nikka From The Barrel

Après plusieurs single malts originaires d’Ecosse, le dernier whisky de notre sélection coche deux nouvelles cases : c’est un blend et il est japonais. En effet, il s’agit ici d’un assemblage de différents whiskies nippons (deux single malts, Miyagikyo et Yoichi, et un whisky de grain). Le Nikka From The Barrel (ou Nikka FTB pour les connaisseurs) est une réussite mondiale : commercialisé depuis 1985, il est arrivé en Europe en 2001 et s’est rapidement imposé comme une référence sur le marché des whiskies. Aux Etats-Unis, où il n’a été lancé qu’en août 2018, le Nikka FTB s’est retrouvé en rupture de stock après seulement quelques semaines. Son format atypique, son prix abordable et sa complexité aromatique en font une valeur sûre ! Mais attention, ce petit Japonais titre à 51,4° d’alcool. C’est ce qu’on appelle « brut de fût » ou cask strength en anglais. Allez-y mollo !

Prix : entre 30 et 40 euros en GMS dispo ici

Nikka whisky from the barrel
Alternative : Nikka Pure Malt Black (un blend de malts uniquement, sans whisky de grain, également produit par Nikka) dispo ici

Santé !

Pattar, entre vodka et whisky

Pour découvrir Pattar, il faut traverser la frontière pyrénéenne et partir à la rencontre des deux compères : Jose Luis Navarro et Carlos Ortiz Zarate, fondateurs de la distillerie Basque Moonshiner.

Deux vrais passionnés, fiers de leur bécane, un alambic hybride, à la fois capable de produire des vodkas de grande qualité grâce à une colonne de rectification à 16 plateaux mais tout aussi en mesure de fonctionner comme pot still pour produire des eaux de vie plus riches.

Deux esprits contrebandiers à l’instar des Moonshiners américains en pleine époque de la prohibition, contraint de distiller au clair de lune afin de pouvoir échapper aux autorités. C’est d’ailleurs en hommage à un de leur grand père (distillateur clandestin sous le régime franquiste) que Jose Luis et Carlos ont lancé leur première vodka : Basmoon. Une vodka 100% issue de pomme terre d’une incroyable rondeur en bouche.


Mais revenons à nos moutons et passons désormais à Pattar.

Pattar, c’est tout simplement une vodka élevée 30 mois en fût de Rioja & fut de Bourbon. De quoi obtenir une belle sucrosité et rondeur en bouche offerte par le tubercule tout en surfant avec les aromatiques riches et complexe d’un whisky.

Au nez, on mêle notes vanillées du Bourbon, notes terreuses « trahissant » la pomme de terre et arômes légère fumé.

Un vrai whisky qui n’en est pas un ! Et qui saura sans doute séduire les amateurs de rondeurs et de sucrosité.